Le neveu d’Amérique


Je n’ai jamais tenu en très haute estime la mode du voyage propre à notre glorieuse époque. Luis Sepúlveda peut se vanter d’avoir exploré des chemins moins classiques. Il nous rapporte, chronologiquement, mais de façon volontairement décousue, un peu à la manière d’un carnet de voyage, les périples de jeunesse qui l’ont conduit de son Chili natal à l’Espagne de ces ancêtres, en passant par la forêt amazonienne, l’Argentine… Chaque étape est une petite aventure ; mais d’abord une aventure humaine, une aventure de rencontres, d’autant plus forte que les lieux bien réels de ses pérégrinations me semblent à moi, bernicle impénitent, forts improbables. Luis Sepúlveda nous présente très humblement sa vision et son vécu du voyage et les périples proposés par les voyagistes occidentaux nous semblent à posteriori bien pauvres et pâles. Il est vrai que tout le monde ne peut pas débuter son voyage par un sympathique séjour dans les sombres geôles des cachots d’une dictature sud-américaine, ni poursuivre par une interdiction de résider dans son propre pays ! Heureusement. J’avoue ne toujours pas être convaincu de l’intérêt de remplir un sac de voyage : inutile, il suffit d’ouvrir un Sepúlveda.

Brousarède

NB : Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, du même auteur, je recommande vivement « Le monde du bout du monde », aussi court et aussi bon : un Moby Dick écolo des temps moderne.

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